jeudi 3 juin 2021

Histoire macabre : Edith Holden





Octobre. 

Ses feuilles qui volent, ses citrouilles qui s’amoncellent, l’approche d’Halloween, les chocolats chauds, les livres au coin du feu et le chat qui ronronne (on dirait une petite vieille qui parle). Bon, stéréotypes certes, mais il n’empêche : j’adore l’automne. C’est le moment parfait pour parler d’Edith Holden et de son histoire macabre (après celles de Kay Sage et Eléonore de Toléde). Qui, en France, connaît Edith Holden ? Pas beaucoup de monde je crois, si ce n’est peut-être les passionnés de dessins naturalistes et de toute cette imagerie de campagne anglaise si bien décrite par Jane Austen.



Edith Holden est née en 1871, à Birmingham, au sein d’une famille très pieuse, mais également ouverte à beaucoup de choses. Son deuxième prénom lui fut notamment donnée en l’honneur d’Elizabeth Blackwell, une physicienne pionnière dans la science. Son père tient une fabrique de peinture, un détail important, et sa mère a notamment écrit deux livres sur la religion. Mais en 1904, celle-ci meurt, et le père d’Edith se tourne vers le spiritualisme. Il veut à tout prix communiquer avec sa femme, et instaure des séances régulières à la maison. Edith et ses sœurs assistent à ses séances, et en ressortent sans doute profondément marquées. Il écrira même un livre sur ces propres expériences, édité sous le titre Messages from the Unseen, en 1913, une semaine seulement avant sa propre mort (ironie du sort…).


Pendant toute sa scolarité, Edith va se passionner pour les sciences naturelles, et se découvrira un don pour l’illustration, tout comme sa plus jeune soeur.  Elle devient rapidement une illustratrice très réputée, et son travail apparaît à intervalle régulier dans des revues. Elle illustrera notamment les 4 volumes de The Animal’s Friend, ainsi qu’un certain nombre de livres pour enfants. Ses peintures sont même exposées, notamment par la Royal Birmingham Society of Artists et la Royal Academy of Arts.



Ces expositions, si elles peuvent paraître prestigieuses (et elles le sont en réalité), ne sont pas forcément une bonne chose pour la condition féminine : nous sommes au début du XXe siècle, et la condition féminine anglaise est tout sauf un modèle de progression. Edith fait partie de la petite bourgeoisie croyante anglaise : on attend d’elle, en plus d’un mariage convenable, qu’elle réussisse dans le domaine des « arts d’intérieurs », c’est-à-dire la musique, la couture, la broderie, les bouquets de fleurs, composer un menu et savoir un peu de cuisine, tenir une maison, et accessoirement, peindre. Principalement des fleurs, des animaux et à la limite quelques portraits (plus, ce serait indécent). Or, il s’avère qu’Edith peint très bien la nature, et elle adore cela, réellement, la nature est sa passion. On peut donc sans crainte l’exposer, puisque cette passion, si elle est bien réelle, ne s’oppose nullement aux préceptes de la femme parfaite de l’époque.



Bref. La notoriété est là. Edith se marie en 1911. Mais elle choisit un homme qui est à la fois convenable et qui lui convient : Ernest Smith, un sculpteur. Il est notamment l’assistant de la Comtesse Feodora Gleichen, elle-même sculpteur et designer d’objets décoratifs (elle fera notamment la très belle statue de Florence Nightingale). Au sein du studio de Feodora, le couple se lie avec plusieurs autres artistes, notamment le sculpteur Sir George Frampton (mais si, c’est lui qui a fait la fameuse statue de Peter Pan).





Pendant les années qui suivent son mariage, elle continue à peindre et à illustrer, et rencontre toujours un grand succès anglais.



Mais la tragédie est proche.


Le lundi 15 mars 1920, Edith se plaint de maux de tête. Mais cela lui arrive souvent, et on n’y fait pas vraiment attention. Son mari part comme d’habitude pour son studio et elle annonce sa volonté de descendre à la rivière pour voir les équipages universitaires s’entraîner. Lorsque son mari rentre le soir pour dîner, il trouve la table mise, mais pas d’Edith. Il suppose alors qu’elle est encore chez des amis, et ne s’inquiète pas, il soupe, se couche.




Le lendemain matin, on retrouve le corps d’Edith flottant dans la rivière. 



Ironiquement, c'est l'amour d'Edith pour la flore et la faune qui lui a coûté la vie.

Le 15 mars 1920, elle tomba dans la Tamise, près de Kew Gardens, en s'étirant pour atteindre une branche de bourgeons de châtaignier.



En 1913, quelques semaines seulement avant sa mort, le père d'Edith publia son propre journal sur le spiritisme, Messages from the Unseen. Edith est devenue une illustratrice de livres acclamée. En 1911, elle épouse le sculpteur Ernest Smith et s'installe à Londres.


Ironiquement, c'est l'amour d'Edith pour la flore et la faune qui lui a coûté la vie.




Le 15 mars 1920, elle tomba dans la Tamise, près de Kew Gardens, en s'étirant pour atteindre une branche de bourgeons de châtaignier.



Edith reste une grande illustratrice naturaliste anglaise, qui a dépeint avec une formidable précision les espèces anglaises de l’époque, avec une touche de romantisme comme le produit si bien la société victorienne qui l’a vu grandir.


Son fameux journal champêtre est édité en Angleterre en 1977, en pleine révolution du Verseau. Avec la vogue d’alors du retour à la nature, il a un succès immédiat, sous le titre The Country Diary of an Edwardian Lady. Il a depuis été réédité plusieurs fois,


Il existe deux biographies d’Edith Holden : The Edwardian Lady: The Story of Edith Holden, Ina Taylor (1980), et The Edwardian Afterlife Diary of Emma Holden, K Jackson-Barnes (2013) (qui traite plus spécifiquement de sa mère, mais cela peut être intéressant). Par contre, je ne sais pas s’ils sont traduits en français. Il existe aussi une série TV, The Country Diary of an Edwardian Lady, visiblement disponible en DVD, en import anglais.


» Un essaim d'abeilles en mai vaut une charge de foin, 
un essaim d'abeilles en juin vaut une cuillère d'argent, 
un essaim d'abeilles en juillet ne vaut pas une mouche »
»En juillet, tondez votre seigle » .






Voilà, une petite histoire macabre d’une femme talentueuse morte à cause de sa passion…

il  existe  une  rose  qui  porte  son nom 
Rosa 'Edith Holden' - Rosaceae - Rosier


La dame édouardienne la plus célèbre de Birmingham a gardé un secret effrayant.


Edith Holden d'Olton, auteur du célèbre The Country Diary of an Edwardian Lady, était accro aux séances


Sa famille aussi. Ils ont organisés des séances hebdomadaires à leur domicile de Kineton Green Road pour tenter de joindre la mère d'Edith, Emma, ​​décédée d'un cancer du sein.

En fait, son père, Arthur, avait même publié un livre sur la quête de sa famille pour contacter les morts. Il a été rédigé de manière anonyme.


L'auteur Karl Jackson-Barnes lève le voile sur le côté le plus sombre d'Edith dans son livre, The Edwardian Afterlife Diary of Emma Holden.


à  bientôt 
EDITH  


3 commentaires:

  1. très bon résumé d'une personne sachant regarder la nature et la représentant avec délicatesse dans ses aquarelles
    un monde merveilleux que l'on ne se lasse pas d'admirer

    RépondreSupprimer
  2. Triste fin pour tant de talent !

    RépondreSupprimer
  3. Hello
    J'adore cette artiste dont j'ai eu plusieurs carnets illustrés avec ses superbes aquarelles. Quelle triste fin en effet, mais au milieu de ce qu'elle aimait le plus...
    Bisous

    RépondreSupprimer